Depuis que je suis installé, je participe régulièrement à un groupe d’échange de pratiques.

On se réunit à plusieurs médecins généralistes de la région, une fois par mois.
Chacun est libre de venir ou pas, rien d’obligatoire, chacun est volontaire.

Le but est de présenter une consultation prise « au hasard » dans sa journée.
Par exemple on présente tous notre 5eme (ou 3eme ou 10eme etc…) cas du jour quel qu’il soit. (même si totalement inintéressant)

De la rhino-pharyngite, à la consultation d’annonce de cancer, tout y passe. (de façon anonyme bien sûr, les noms et prénoms des patients ne sont jamais évoqués)

Chacun commente la consultation de l’autre, de façon bienveillante, toujours. (il n’est pas question d’être blessant, méprisant ou de défendre coûte que coûte notre façon de faire. Juste de réfléchir sur nos pratiques, nos prises en charges, nos prescriptions)

C’est très enrichissant et très rassurant à la fois.

Enrichissant car on apprend plein de choses, on découvre que nos pratiques ne sont pas toujours les mêmes que celles de nos confrères, on se pose des questions, on fait des recherches (dans la Revue Prescrire principalement) sur des sujets qui nous paraissaient la plupart du temps évidents et que l’on aurait jamais vérifié spontanément.
On découvre parfois que l’on faisait mal.
Parfois on apprend des choses à nos confrères.

Rassurant car on découvre que l’on se pose tous les mêmes questions, on a tous les mêmes problèmes au quotidien, les mêmes difficultés à prendre en charge certains cas complexes.

Pour moi, ces échanges sont indispensables.

La médecine n’est pas quelque chose de figé, elle est en perpétuel changement. Il faut donc savoir se remettre en cause régulièrement.

De ce que j’ai appris à la Fac, il ne reste plus grand chose qui n’ai pas évolué, ne serait-ce qu’un peu.
Le doyen de notre faculté lors de son discours d’accueil des nouveaux étudiants en médecine nous avait dit « Tout ce que vous apprenez maintenant sera faux quand vous aurez fini vos études médicales »
Personne ne l’avait cru, certains ne le croient toujours pas … Et pourtant il avait raison.
On ne traite plus tout à fait un infarctus du myocarde comme je l’ai appris il y a 10 ans à la Fac et encore moins comme il y a 30 ans.

Alors quand je croise des médecins qui font exactement (ou presque) la médecine qu’ils ont appris dans les années 70, en étant parfaitement convaincu de faire les choses bien, ça me désole.

Pour se former, il faut, avant toute chose, reconnaître que l’on ne sait pas tout, que ce que l’on sait est parfois obsolète, et que notre petite expérience personnelle est parfois bien éloignée des résultats des dernières études scientifiques bien conduites. (et que, j’en ai déjà parlé, la vérité ne sort pas de la bouche des visiteurs médicaux).

Je suis persuadé qu’on ne peut pas rester bon médecin très longtemps si on ne se pose pas régulièrement de question sur ce que l’on fait.

C’est pour cela que j’aime participer à un groupe d’échange de pratiques.
C’est aussi pour cela que j’aime Twitter, et ses échanges quasi instantanés entre médecins.
C’est aussi pour cela que j’aime lire les médecins blogueurs.

Pour les échanges et parce qu’ils se posent tous des questions sur leurs pratiques.
C’est rare, je vous assure.

 

Publié dans Médecine.

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